A l'atelier, chacun peut trouver et cultiver son style...

Mon enseignement de la sculpture céramique part du général pour aller vers le particulier. l'observation est essentielle avant de démarrer un travail, une pièce, un modèle. Il faut sentir et ressentir la structure, les directions, les proportions, les plans, les inclinaisons...Tout ce qui permet d'élaborer schématiquement l'oeuvre avant d'entrer dans le détail et les finitions. Lorsque la main voit exactement et que l'oeil touche, chaque portion de terre posée devient une évidence. Pour voir en volume il faut que la main soit en accord intime avec la vue, pour ne faire plus qu'une. C'est ce que Gilles Deleuze nomme "la fonction haptique du regard" (en grec hapto veut dire toucher). 

A l'atelier, chacun(e) trouve et cultive son style et choisit le thème sur lequel il/elle veut travailler. Je n'impose pas de manière, j'aide à voir et à comprendre le volume dans son élaboration, sa mise en place, ses accidents. La terre est un matériau lourd, simple mais capricieux qu'il faut comprendre, sentir, connaître car il est vivant et réagit à son environnement très rapidement (hygrométrie, poids, accidents, chocs thermiques...). Il faut savoir apprivoiser ou plutôt se laisser apprivoiser par la terre, car c'est à vous de la comprendre, elle ne pourra pas changer sa façon de réagir. Il faut anticiper ses réactions en fonction de vos actions sur elle et corriger ou prévoir les effondrements, les tassements, les fissurations, les cassures, les éclatements, les durcissements...La physique et la chimie ont beaucoup d'importance dans le maniement de la céramique et des arts du feu. Travailler la terre c'est apprendre à voir et sentir avec ses mains et retrouver le plaisir du toucher.

 

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